Entretien avec Dr. Boris Jakobi, Senior Vice President Division Components & Purchasing Direct Materials, sur le projet de construction d’une nouvelle usine de mélange de matières premières à Weinheim
Compact
Automatisation: l’utilisation de robots à conduite autonome (AMR) sera développée afin d’automatiser les processus de chargement et de déchargement manuels et de soulager les collaborateurs des tâches physiquement exigeantes.
Autorisation et projet de construction: après deux ans et demi de planification intensive, Freudenberg Sealing Technologies a obtenu fin 2024 l’autorisation de construire une nouvelle usine de mélange et un entrepôt ultramoderne.
Contrôle de la température: le nouvel entrepôt offrira des locaux parfaitement tempérés pour les compounds finis afin de garantir leur haute qualité grâce à une température constante.
Augmentation de l’efficacité: le nouveau bâtiment permettra de faire un saut quantique en matière de flux de matériel, de technologies et d’automatisation – augmentation de l’efficacité comprise.
Utilisation de la surface: la nouvelle usine de mélange de matières premières couvrira 37 000 mètres carrés, dont 22 000 mètres carrés pour les lignes de mélange et 15 000 pour l’entrepôt. Les limites imposées jusqu’à présent par les différents bâtiments et lieux de stockage disparaîtront.
Dr Jakobi, Freudenberg Sealing Technologies (FST) lance un grand projet de construction à Weinheim. De quoi s’agit-il ?
Après deux ans et demi de planification intensive, nous avons obtenu fin 2024 l’autorisation de construire une nouvelle usine de mélange et un entrepôt ultramoderne. Nous produirons alors, dans un environnement sur mesure, des mélanges qui feront de nos joints des produits encore plus high-tech ! Dans le nouvel entrepôt, nous pourrons non seulement stocker toutes les matières premières, mais aussi disposer de locaux parfaitement tempérés pour nos compounds finis.
Tempéré, car les matériaux sont sensibles aux variations de température ?
C’est exact. Les compounds finis ne se conservent pas indéfiniment, un stockage professionnel à une température idéale et constante nous aide à garantir leur grande qualité. À l’avenir, nous pourrons régler et surveiller la température ambiante avec précision, et donc offrir un climat ambiant constant tout au long de l’année.
Mais n’interrompez-vous pas de toute façon la « chaîne du froid » lorsque vous transportez les compounds sur des camions depuis les locaux tempérés vers les différents sites ?
C’est une bonne question. Nous utilisons effectivement des camions réfrigérés pour les compounds sensibles à la température.
Le nouvel entrepôt stocke-t-il exclusivement des matières premières et des compounds ?
Nous y placerons également des bobines pour l’estampage et des pièces métalliques finies. En d’autres termes, tous les produits intermédiaires que nous fabriquons à Weinheim et les matières premières correspondantes.
Quelles sont les raisons qui ont motivé la décision de construire un nouveau bâtiment à Weinheim ?
Notre usine de mélange actuelle est répartie sur plusieurs halls de production, dont certains ont plus de 60 ans et sont donc absolument à la limite en termes de construction et de sécurité. De plus, pour rester compétitifs, nous devons nous équiper technologiquement. Nous allons faire un bond en avant en termes de flux de matériaux, de technologies et d’automatisation, ce qui nous permettra d’être beaucoup plus efficaces.
Quelle sera la taille de la nouvelle usine de mélange de matières premières par rapport à l’usine actuelle ?
Nous disposerons à l’avenir de 37.000 mètres carrés, dont 22.000 mètres carrés pour les lignes de mélange et 15.000 mètres carrés pour l’entrepôt. La surface de production pure est à peu près comparable à celle d’aujourd’hui, mais les anciennes limitations disparaissent. Nous étions par exemple répartis sur trois bâtiments et avions en outre cinq lieux de stockage différents pour les matières premières, ce qui ne nous permet pas de fabriquer nos compounds avec une utilisation maximale de la surface. Si, à l’avenir, tout est disposé en fonction du flux de matières, le nouveau bâtiment apportera beaucoup d’efficacité.
Cela a probablement permis d’accumuler beaucoup de kilomètres dans la logistique de transport, n’est-ce pas ?
Il y a quelque temps, nous avons constaté dans une étude qu’un moyen de transport parcourt 3.600 kilomètres par an dans le parc industriel de Weinheim. Ce sont précisément ces trajets de transport que nous allons considérablement minimiser. Et par ailleurs, les automatiser.
Vous avez déjà utilisé des AMR, c’est-à-dire des robots autonomes. Qu’est-ce qui peut encore être automatisé dans ce domaine ?
Nous travaillons avec différentes technologies, ce qui signifie qu’aujourd’hui, une part importante des AMR est encore chargée et déchargée manuellement. À l’avenir, cela se fera de manière automatisée et soulagera les collaborateurs pour les tâches physiquement exigeantes et chronophages. L’entrepôt fonctionnera également de manière autonome. Donc, en fin de compte : des trajets courts et des travaux auxiliaires automatisés.
Vous avez dit que la nouvelle usine aura une surface de production comparable à l’ancienne. Cela signifie que le nombre de lignes de production restera inchangé ?
Dans le nouveau bâtiment, nous aurons également quatre lignes de mélange pour les élastomères. De plus, nous fabriquerons à l’avenir nous-mêmes le caoutchouc silicone sur trois lignes au maximum. Jusqu’à présent, cela n’était pas possible en raison de l’utilisation inefficace des surfaces. Autre nouveauté : nous allons créer un secteur dans lequel nous produirons des matériaux spéciaux pour les piles à combustible.
La nouvelle disposition apporte-t-elle également des avantages en termes de flexibilité pour les petites tailles de lots, comme cela est nécessaire pour les applications dans l’industrie générale ?
Oui, en tout cas, cela nous aidera à être plus flexibles.
Quelle est l’importance de l’usine de mélange de matières premières de Weinheim pour FST à l’échelle mondiale ?
Aujourd’hui, nous produisons à Weinheim près de la moitié des élastomères fabriqués dans le monde par le groupe. Il s’agit donc d’un élément essentiel de notre succès.
En outre, où FST fabrique-t-elle des compounds ?
En Inde, nous venons de construire une nouvelle usine de mélange à Morinda et une autre à Chennai. En Amérique du Nord, nous produisons à Bristol, Shelbyville, LaGrange et Queretaro. En Allemagne, nous avons d’autres lignes de compoundage pour les élastomères à Oberwihl et Berlin, et nous produisons du PTFE à Biere, Findlay et Taicang.
Que signifient les changements politiques aux États-Unis pour les usines de mélange américaines et mexicaines de FST ?
Dans un premier temps, rien ne change dans notre stratégie, nous continuons à moderniser nos usines et à les adapter aux nouvelles exigences du marché. L’usine américaine de Shelbyville, par exemple, est déjà en très bonne voie en ce qui concerne la production de silicone. Nous y investissons actuellement dans une installation de pesage automatique, comme celle dont nous disposons déjà à Weinheim. Shelbyville approvisionne les sites américains de FST en produits intermédiaires. Une nouvelle usine de mélange est prévue à Querétaro, et une nouvelle usine d’estampage a déjà été lancée à Cuautla en 2020. Entre autres, la division Static Sealing est désormais plus active au Mexique, ce qui signifie pour nous que nous y étendons également nos activités.
Autrement dit, une production locale dans les régions ?
Oui, nous produisons au Mexique pour le marché mexicain, par exemple pour VW. Pour l’instant, je ne considère donc pas les changements en Amérique du Nord comme critiques pour l’entreprise. Bien sûr, les changements politiques entraînent des turbulences, surtout au début. Mais rien n’est jamais aussi bon que ce que l’on cuisine. Le Mexique reste pour nous un site de production important.
Pour revenir à Weinheim par la pensée : Quand déménagez-vous ?
2025 est l’année de la planification détaillée. Notre terrain de construction est en cours de préparation, il y a encore quelques obstacles à franchir. Pour ne citer qu’un exemple : Un câble de fibre optique de l’épaisseur d’un bras se trouve au milieu de notre terrain à bâtir et doit être déplacé. Notre projet bénéficie d’une excellente collaboration avec Freudenberg Real Estate, qui nous soutient au mieux.
Quand la construction doit-elle commencer ?
Si aucun obstacle inattendu ne survient, nous commencerons début 2026. L’emménagement est prévu pour début 2028.
Le déménagement risque d’être difficile, une sorte d’opération à cœur ouvert, non ?
C’est tout à fait exact. C’est justement parce que les compounds finis ne se conservent pas indéfiniment que nous ne pouvons que partiellement produire à l’avance et constituer des stocks. C’est pourquoi nous terminons d’abord l’entrepôt tempéré, qui devrait être prêt fin 2027. Par ailleurs, nous déménageons d’abord une des lignes de production identiques, c’est-à-dire que nous laissons provisoirement une ligne sur l’ancien site et continuons à y produire. Parallèlement, nous installons la ligne comparable dans la nouvelle usine. Ce n’est que lorsque celle-ci est stable que la seconde déménage. Enfin, pour le déménagement, nous avons également besoin des autorisations des clients pour les mélanges fabriqués sur le nouveau site.
Combien de sites FST approvisionnez-vous en mélanges à partir de Weinheim ?
Nous fournissons environ 30 usines de moulage à partir de Weinheim. Ce sera sans aucun doute un défi de veiller à ce qu’elles reçoivent les matériaux nécessaires sans interruption, tout en gérant le déménagement.
FST a toujours considéré les matériaux comme son ADN. Les concurrents disposent-ils d’une compétence aussi approfondie en matière de matériaux ?
Pas encore. Mais la concurrence ne dort pas non plus et rachète des fabricants de compounds. Il est donc d’autant plus important pour nous d’être à la pointe de la technologie. Notre équipe de collaborateurs, composée d’experts en matériaux hautement qualifiés, joue également un rôle décisif.
Avez-vous déjà été confronté à un projet aussi gigantesque au cours de votre carrière ?
Oh non, c’est un projet « once-in-a-lifetime », tant par sa taille que par sa complexité. Il y a aussi beaucoup d’autres sujets. Nous planifions par exemple la construction d’une grande installation solaire en collaboration avec Freudenberg Service, nous parlons de récupération d’énergie et de bien d’autres choses encore. Nos processus sont très gourmands en énergie. Compte tenu de l’augmentation considérable des coûts de l’électricité, nous devons également devenir plus efficaces dans ce domaine et voulons économiser 30 pour cent d’énergie. – Et justement produire nous-mêmes une partie de l’électricité dont nous avons besoin. L’évaluation des risques nous a également posé des défis. Le parc industriel de Weinheim est traversé par deux bras de la rivière Weschnitz. Nous devons donc aussi nous prémunir contre d’éventuelles inondations en cas de crue.
Qui, dans votre équipe, est responsable de la planification de ce projet gigantesque ?
De notre côté, Marina Bang et Holger Kirsch sont les principaux responsables. Au total, il y a sept lignes de planification différentes. Notre équipe Components s’occupe de tout cela parallèlement aux activités quotidiennes, ce qui a été et reste un véritable tour de force. Le fait que les collaborateurs puissent mener à bien un tel projet et travailler de manière aussi intensive et concentrée mérite les plus grands éloges. Je tiens donc à remercier chaleureusement tous ceux qui travaillent avec autant d’engagement et d’efficacité pour faire de notre nouvelle usine de mélange un succès. Je suis très fier de notre performance !
